L’Organisation internationale du Travail (OIT) a lancé deux nouveaux Groupes de Travail Techniques (GTT) consacrés aux statistiques : le groupe du COPAC sur la mesure de la contribution économique des coopératives (GTT MCEC) et le groupe de l’UNTFSSE sur les statistiques de l’économie sociale et solidaire (GTT SESS). Ces groupes ont pour mission de perfectionner et de faire progresser les statistiques coopératives, ainsi que d’établir les bases méthodologiques des statistiques sur l’économie sociale et solidaire (ESS).
Les deux groupes réunissent environ 30 membres sélectionnés pour garantir une représentation équilibrée des différentes perspectives institutionnelles, régionales et sectorielles. Parmi eux figurent David Hunter, de StatClass Consulting Services, et Marie J. Bouchard, professeure émérite à l’Université du Québec à Montréal et membre du CIRIEC.
Historiquement, bien que la nécessité de mesurer l’ampleur, l’impact et les contributions des coopératives et de l’ESS soit reconnue, l’absence de normes internationales consensuelles a engendré d’importantes lacunes. L’adoption en 2018 des Recommandations concernant les statistiques des coopératives par la Conférence internationale des statisticiens du travail a marqué une étape importante, tout comme la Résolution de l’OIT sur l’ESS et le travail décent (2022), avec une définition partagée de l’ESS, réaffirmée ensuite par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2023.
Pour Nawon Lee, spécialiste technique de l’OIT, la tâche actuelle consiste à traduire ces avancées conceptuelles en normes statistiques rigoureuses. Il souligne l’importance du lancement de ces groupes de travail, qu’il considère comme une étape clé pour mieux comprendre et documenter les impacts économiques des coopératives et de l’ESS. Il rappelle que cette initiative collaborative intervient durant la deuxième Année internationale des coopératives des Nations Unies en 2025, “avec une attention accrue pour la standardisation des approches statistiques appliquées aux coopératives et à l’ESS en général”.
Simel Esim, cheffe de l’Unité COOP/ESS de l’OIT et présidente de l’UNTFSSE (Groupe de travail interinstitutions des Nations Unies sur l’économie sociale et solidaire), met en lumière le parcours historique de ce travail au sein de l’OIT depuis la 19e Conférence internationale des statisticiens du travail en 2013. Selon elle, la création de ces deux GTT représente une étape significative, et elle insiste sur l’importance d’une vision collaborative : “Nous espérons travailler ensemble, apprendre les uns des autres et faire progresser ce programme essentiel dans les mois et les années à venir”, déclare-t-elle.
La voie à suivre
Pour Hyungsik Eum, consultant de l’OIT en statistiques sur les coopératives et l’ESS, cette initiative promet d’accroître la visibilité et l’impact de ces entités dans le discours économique mondial, ouvrant la voie à des politiques publiques éclairées et à un développement économique durable. Eum affirme que les discussions et les résultats de ces groupes techniques contribueront à l’élaboration d’un manuel statistique sur les coopératives et à des recommandations sur les statistiques de l’ESS, qui devraient être présentées et discutées lors de la 22e Conférence internationale des statisticiens du travail (CIST) en 2028.